Les élus examinent ce jeudi une proposition de loi écologiste afin d'encadrer notre exposition aux ondes magnétiques, notamment par les antennes-relais. Leur nocivité sur la santé continue  de faire débat.

Que prévoit le texte de loi?

«L'application du principe de modération», selon les mots de la députée EELV à l'origine du texte, Laurence Abeille. Élément clef du texte, donner leur mot à dire aux élus locaux lors d'installation d'antennes relais dans leur localité. Aujourd'hui, l'opérateur demande sa seule autorisation à l'Agence nationale des fréquences (ANF). Si le texte est adopté en l'état, les élus décideront en concertation avec l'agence de l'installation ou non de nouvelles antennes. Autres changements, le texte prévoit également d'interdire le wifi dans les crèches. La publicité sur les téléphones et tablettes sera interdite auprès des mineurs de moins de 14 ans.

C'est toutefois une proposition de loi allégée qui revient devant le parlement. «Je le regrette, j'aurais aimé aller encore plus loin», explique Laurence Abeille. «Mais c'est déjà une première avancée!» Il y a un an, une première mouture avait déjà été présentée par la même députée avant d'être «renvoyée en commission» par les socialistes, c'est-à-dire enterrée. Un point phare du texte a entre-temps été sorti de la proposition, à savoir celui de baisser de manière drastique les ondes émises par les antennes-relais. C'était notamment cet élément qui crispait très sérieusement les opérateurs de téléphonie et qui pouvait mener au clash avec les industriels.

Ces ondes sont-elles dangereuses pour notre santé?

Selon le dernier rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), seule une utilisation intensive de notre téléphone portable et donc une exposition très élevée pourrait favoriser le développement d'une tumeur cérébrale. Est considéré comme un utilisateur intensif une personne qui téléphone avec son mobile plus d'une heure par jour, tous les jours, et ce pendant plusieurs années consécutives. Depuis 2011, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère également les ondes comme potentiellement cancérigènes.

Vivre à côté d'une antenne relais ou dormir avec son téléphone ne présente pas, pour l'instant selon l'Anses, de danger pour la santé publique. Mais le sujet fait débat parmi les spécialistes. Le cancérologue Dominique Belpomme, qui tient une consultation spécialisée à Paris pour les personnes souffrant de pathologies créées par les ondes, a ainsi jugé sur France Info que le dernier rapport de l'Anses «ne valait rien». Les expériences menées sur de jeunes rats par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) et l'université de Picardie, ont conclu à une perturbation du sommeil, de la régulation thermique et de la prise alimentaire entraînée par la présence d'ondes.

Qu'est-ce que l'électrosensibilité?

Migraine, vomissement, raidissement des membres, extrême irritabilité… Cette maladie est décrite par ceux qui en souffrent comme une impossibilité physique, sous peine de grandes souffrances, à vivre à côté d'appareils émettant des ondes. Leur mal étant peu connu et la science n'ayant pas prouvé l'existence d'une telle pathologie, les électrosensibles rencontrent de grandes difficultés quand ils cherchent à soulager leur douleur. Ce trouble est jugé par beaucoup comme regardant de la psychiatrie. Laurent Chevallier, créateur d'une consultation pluridisciplinaire dédiée aux électrosensibles à Montpellier et auteur de Le Livre antitoxique, a reçu plus d'une centaine de malades en consultation. «Sans tirer de conclusions définitives, j'ai observé qu'une grande majorité de nos patients étaient des migraineux non traités. Leur migraine était alors accrue en présence d'appareils émettant des ondes.» Pour le cancérologue Dominipe Belpomme, l'électrosensibilité est notamment due à une sous-oxygénation du cerveau. Trouble psychiatrique, migraine non soignée ou encore cerveau sous-oxygéné, si les causes de l'électrosensibilité n'ont pas encore été définie par la science, la souffrance de ces derniers est elle bien réelle.

Source : Judith Duportail / www.lefigaro.fr